[Background]Un Chardon Sanglant Fané

I Prendre conscience

Comme un courant d’air indésirable, un elfe entra en courant dans le bâtiment où Draken se trouvait et hurla ces mots :
- Ils Ont atteint le Sanctum Oriental !
La nouvelle fit l’effet d’un choc. Et un silence de mort s’ensuivit.

C’était comme si tout devenait tout à coup plus réel aux yeux de tout le monde. Bien sur, on entendait depuis des semaines la rumeur de ce jeune prince, Arthas, qui avait sombré dans la folie, loin au sud, et qui, après s’être rendu coupable du meurtre de son père, la Roi de Lordearon, avait prit la tête de l’armée du fléau qu’il dirigeait à présent vers Quel’Thalas afin de ressusciter son maître.
Oui, bien sur la rumeur s’était répandue aussi vite qu’un rayon de soleil dans les royaumes de l’Est. Mais personne ne s’en était vraiment affolé. On en avait vu d’autres, par ici, et ce n’était pas quelques squelettes qui allaient inquiéter les Hauts Elfes de Lune d’Argent, invincibles grâce à leur légendaire puit de Soleil.
Seulement les nouvelles se faisaient de plus en plus oppressantes. L’armée du chevalier de la mort était en marche, et ils auraient bientôt quitté les clairières de Tirisfal.
Une grande agitation régna alors à Lune d’Argent, et la Flèche de Solfurie décida d’envoyer une grande partie des forces disponibles afin de bloquer le fléau.
Tout était planifié, et l’Héroïne Sylvanas Coursevent dirigerait la contre-attaque contre le fléau. On n’envisageait même pas la défaite, persuadés que les morts ne passeraient même pas Stratholme.
Mais rien ne se passa comme prévu et sans qu’on ne reçoive aucune nouvelle des défenseurs de Quel’Thalas, les premiers morts vivants commencèrent à faire leur entrée dans le Bois des Chants éternels.

Et c’est pour cela que le fait que les morts aient atteint le Sanctum oriental fit un tel effet. Le Sanctum oriental, c’était un endroit que tout le monde connaissait, et s’imaginer des dizaines de morts-vivants souiller cet endroit de leurs pieds pourris rendait tout à coup la situation plus réaliste, et tous réalisaient qu’ils n’étaient pas à l’abri dans leur petit bois paisible.
Après un instant de surprise, tout s’était organisé très rapidement. Il fallait mettre tout le monde à l’abri, pendant que les forces restantes, désormais conduites par le roi lui-même, empêcheraient les morts d’atteindre la capitale.

C’est ainsi que Draken faisait partie du groupe d’une trentaine d’Elfes qui s’étaient réfugiés dans le Sanctum Occidental, lequel se trouvait assez en retrait par rapport à la route qui conduisait à Lune d’Argent.
Les nouvelles furent ensuite de plus en plus mauvaises. Arthas avançait inexorablement.
Après une longue et oppressante attente, on entendit le bruit d’une terrible explosion.
Tout le monde se tut alors, et plus personne ne chercha à nier l’évidence. Les murs de Lune d’Argent avaient cédé. Ils étaient tous perdus.



II Evoluer

La suite fut une longue descente aux enfers pour les Elfes. La destruction du puits de Soleil, le manque de mana, la maladie, le fléau toujours présent, le désordre politique car le Roi Anasterian était mort en défendant ses sujets.
Mais le commandant Lor’themar Theron prit la tète du peuple meurtri auquel il fallut du temps pour se relever. Ils se rebaptisèrent « Elfes de sang » et, sentant le regard froid que leur lançaient leurs frères de Darnassus, et l’indifférence avec laquelle les traitaient le reste de l’alliance, ils choisirent de cesser les relations avec ces derniers et de se tourner vers la horde, vers leurs ennemis d’antan, lesquels les accueillirent à bras ouverts

Draken, encore enfant lors du cataclysme, avait été marqué par cette longue nuit passée recroquevillé dans un coin du Sanctum Occidental. Lorsqu’il en ressortit le lendemain, et qu’il vit la Malebrèche, cette longue cicatrice noire laissée par Arthas et qui s’étendait de Mortholme à ce qui restait du puits de soleil, il eut un léger sourire et hocha la tète. Il réalisa, beaucoup trop tôt pour un si jeune enfant, ce qu’était la vie dans ce monde. Et qu’il faudrait se battre pour avancer, ou bien se laisser écraser. Il comprit que rien ne serait facile comme le laissait croire le confort des elfes. Et enfin, il se jura d’incarner la renaissance de son peuple.
Il devait à tout prix devenir puissant, pour ne jamais faiblir devant l’ennemi.
Sur cette promesse lancée en direction des cieux, il rejoint sa famille sur l’île de Haut Soleil, afin de leur faire part de ses résolutions. Mais ses parents n’eurent que faire de ses projets, trop occupés à chercher à tout prix un moyen de combler leur manque de magie.
Il sombrèrent finalement dans une profonde folie, comme nombre de leurs semblables, et Draken fut écarté d’eux, pour sa propre sécurité. Mais peut lui importait, seule comptait sa soif de pouvoir et de connaissances.

Il se façonna un caractère et une personnalité qui lui serviraient à être accepté parmis les autres, une sorte de carapace pour masquer qu’il était mauvais et dénudé de tout sentiment, et passa près de dix années entières à parfaire les arts de la magie.



III S’envoler

Une fois adulte, lorsqu’il lui apparu qu’il avait fait le tour des connaissances qu’il pouvait acquérir en Quel’Thalas, il décida qu’il était temps d’aller voir ailleurs. C'était du moins ce qu'il disait autours de lui pour justifier so départ, car en réalité, il avait développé lui-même une dépendance au pouvoir, il s’en était rendu compte et se l'avouait parfaitement, même s'il ne se confiait à personne. Sans se rabaisser cependant au niveau d’un déshérité, il lui fallait régulièrement gagner en puissance magique et avoir sa dose de mana.

Draken avait cependant trouvé un moyen de palier à cette dépendance. Il existait en effet une herbe, nommée la Mandriane, qui n’était pas très difficile à trouver mais qui éxistait sous de multiples formes. Une en particulier se présentait comme une mauvaise herbe qui s’attaquait aux plantes telles que le Feuillargent ou les chardons sanglants, lesquelles étaient très présentes dans la région. Cette herbe, généralement connue pour ses effets euphorisants lorsqu’on la fumait, présentait pour Draken un intérêt tout particulier car on pouvait lui ajouter diverses substances ayant pour but d’en sublimer le goût. Or Draken avait par hasard découvert qu’il pouvait fumer la Mandriane de Quel’Thalas avec des résidus de mana, que l’on pouvait se procurer aisément sur les multiples créatures crées par le disfonctionnement de bâtiments tels que la flèche de Ternesoir.
En fumant de la Mandriane auquel il avait ajouté du résidu de mana, Draken sentait son envie de mana se dissiper.
Mais ce désir de pouvoir magique se faisait parfois si fort qu’il en arrivait à consommer de façon excessive l’herbe euphorisante. Elle devint vite une drogue dont il ne pouvait plus se passer.

Il était conscient que si cela se savait il serait rejeté par son peuple et dans l’immédiat, il lui fallait donc quitter le Bois de Champs éternels, cela lui permettrait par ailleurs de voir ce que le reste du monde avait à lui offrir comme mana.

Il s’élança donc sur les routes, chargé bien sur d’une quantité conséquente de Mandriane et de résidu de mana, et toujours avec ce même sourire inquiétant aux lèvres qu’il avait fait pour la première fois en apercevant la Malebrèche. Un sourire qui reflétait le vide de son âme, et une absence totale de pitié ou de tout autre sentiment.